Absence. Echo.
Sonnet 78.
Sur le bord d' un ruisseau qui coule lentement,
Je me mirois pensif dans son eau claire et nette ;
Quand je vis mon teint pasle, et ma levre defaite,
Comme un lys effacé d' un soleil vehement.
Où seroit, dis-je, alors remply d' estonnement,
Cette vive couleur, cette grace parfaite
Que j' avois sur les bords de cette onde secrette,
Quand j' y baisois Cloris avec ravissement ?
N' y reprendray-je point ma vigueur printanniere ?
N' y reverray-je plus cette douce lumiere,
Qui rendit mes brasiers, et mes vers éclattans ?
Attans, me dit l' echo d' une roche prochaine,
Nymphe, je le veux bien, mais attendre long temps
C' est pour un bien qui passe une eternelle peine.