Les larmes d' amour.
Sonnet 82.
Lorsque dessous ces bords dont la fraischeur m' attire
Je me plains des rigueurs de deux astres si beaux ;
La nayade aux yeux verds, au front ceint de roseaux,
Fait un lit orageux de son paisible empire.
D' où provient ce desordre au poinct que je soûpire ?
Est-ce qu' oyant mes cris du fonds de ces ruisseaux,
Elle verse des pleurs qui font enfler ces eaux
Pour témoigner l' ennuy qu' elle a de mon martire ?
Saincte divinité qui presidez icy,
Perseverez de grace à lamenter ainsi,
Tant que vous me verrez l' objet de tant d' alarmes.
Pleust au ciel qu' à la fin vous eussiez tant pleuré ;
Que vos flots augmentez du torrent de vos larmes,
Eussent esteint le feu dont je suis devoré.