Larmes, sur la mort d' un pere.
Sonnet.
Celuy qui vit pour toy dedans l' indifference,
Et qui ne t' aime Ogier que dans le compliment,
Avec des mots choisis, et remplis d' ornement,
Te dira que son coeur a part à ta souffrance.
Moy qui ne suis fondé sur la seule apparence,
Qui t' aimeray sans fard jusques au monument ;
Je me contenteray de monstrer simplement
L' excés de ma douleur par mon triste silence.
Qu' on ne s' estonne point du sujet de cecy ;
Tu ne sçaurois souffrir, que je ne souffre aussi ;
Ton deüil est excessif, et le mien est extréme.
Cherche donc autre part ta consolation ;
Ce seroit en vouloir exiger de toy mesme,
D' en attendre de moy dans cette affliction.