L' amour de la sagesse.
Sonnet.
Pour responce à un autre sonnet.
Je possede, il est vray, des maisons à la ville,
Des jardins au faubour, et des terres aux champs,
J' ay l' estime du peuple, et la faveur des grands,
Et comptant mes ayeux, j' en compte plus de mille.
Il est vray que ma muse est ardante, et fertile,
Que ma prose, et mes vers doivent forcer les ans,
Et des siecles futurs faire mes partisans ;
Mais ce comble de biens m' est un faix inutile.
Ces thresors éclattans de la terre et des cieux,
N' esgallent pas, Sophie, un trait de vos beaux yeux,
Dont je sens les effets, et respecte les causes.
Vous estes toute seule et ma gloire, et mon bien ;
Et comme vous avoir c' est avoir toutes choses,
Posseder tout sans vous, c' est ne posseder rien.