Le changement d' amour.
Sonnet.
Depuis que j' ay rompu les charmes de Cloris,
Les chaisnes de Nerée, et les fers de Silvie,
Amour, de qui la flâme oste, ou donne la vie,
Estoit mort dans mon coeur, comme dans mes escrits.
Mais pour me chastier de ce cruel mespris,
Et triompher encor de mon ame asservie,
Comme si mon repos luy donnoit de l' envie,
Il m' attaque, et me meine au temple de Cypris.
C' est là qu' il me fait voir une sainte déesse,
Qui de ces trois beautez possedant la sagesse,
Imprime dans mon coeur son amour, et ses loix ;
Ô nymphes que j' aimay d' une ardeur non commune,
Quoyqu' elle ait les beautez que vous eustes vous trois,
En dois-je servir trois, et n' en esperer qu' une ?