L' amour de village.
Sonnet naif.
Pensez vous que mon coeur veuille vous abuser,
Alors que je vous jure, innocente Silvie,
Que je vous aimeray plus que ma propre vie,
Quand la terre, et le ciel, s' y devroient opposer ?
Ce lien de cheveux, cét amoureux baiser,
Ces douces privautez dont mon ame est ravie,
Sont des feux et des noeuds que le temps ny l' envie
Ne pourront amortir, ny ne pourront briser.
Estouffez ce soupçon qui vous trouble et me touche ;
Mon ame qui s' accorde aux sermens de ma bouche,
Vous gardera la foy jusqu' à l' extremité ;
Et puis que mon amour vous rencontre au village,
J' en auray l' innocence, et la simplicité,
Et n' y farderay point mon coeur, ny mon langage.