La playe amoureuse.
Sonnet 10.
Dans l' ennuy que je sens, dans le mal que j' endure,
Adorant une jeune, et superbe beauté,
Que n' ay-je autant d' esprit, qu' elle a de cruauté,
Pour tracer dans mes vers ma funeste avanture ?
Ce n' est pas qu' amoureux de la gloire future,
J' aspire apres ma mort à l' immortalité,
Je ne me pique point de tant de vanité,
Il suffit que Claudine apprenne ma blessure.
Mais ô foible recours dans mes penibles soins !
Dequoy peuvent servir tant d' illustres tesmoins,
Quand ma peine est connüe, aussi bien qu' elle est vraye ?
Aimables assassins de mes plaisirs passez,
Beaux yeux, si dans mon coeur vous fistes une playe,
Sans lire mes escrits, vous la voyez assez.