Les souspirs renouvellez.
Sonnet 28.
Quoy que de ce ruisseau la vague soit petite,
Il ne retourne point d' où s' écoulent ses flots ;
Dés qu' il fuit de sa source, il n' a point de repos,
Qu' il n' ait perdu son nom dans le sein d' Amphitrite.
Les larmes que j' espands si souvent et si viste,
Et dont mes tristes yeux font de larges ruisseaux,
Ne remontent jamais d' où partirent leurs eaux,
Et comme ce ruisseau leur cours se precipite.
D' où vient donc que mon coeur dans ses ardans desirs,
Pousse, et rappelle ainsi le vent de mes souspirs,
Et qu' en moy je les sens remonter à leur source ?
Mais cessons de parler de ces esprits mouvans ;
Qui sçaura la raison de l' aymant et de l' ourse,
Qu' il cherche l' origine, et la cause des vents.