Retraite des muses.
Sonnet 42.
J' abandonne la cour, puis qu' elle m' abandonne ;
Et puis que sans raison les princes, et les roys,
Sont devenus pour moy si tiedes, et si froids,
Je veux porter ailleurs la lyre que je sonne.
Quelque adresse que j' aye à faire une couronne,
Digne des grands heros, digne des grands exploits ;
Pour eux je ne vois plus de lauriers dans mes bois,
Et ce n' est plus pour eux les fleurs que j' y moissonne.
Ma bergere Claudine, et son petit trouppeau,
Mon jardin, mon valon, mon bois, et mon ruisseau,
Exerceront chez moy ma lyre peu commune.
Ô vous, qui de mon coeur estiez roys absolus,
Soyez bien, soyez mal avecque la fortune,
Vous m' avez oublié, je ne vous connois plus.