Les muses bernees.
Sonnet 13.
Qu' il faut avoir l' esprit bizarre, et de travers,
Pour suivre avec ardeur les muses à la trace !
Les gueuses qu' elles sont mettent à la besace
Ceux à qui leurs secrets ont esté descouverts.
Depuis que j' ay trouvé la source des beaux vers ;
La fortune me fuit, le malheur m' embarasse,
Je n' ay pour ma boisson que les eaux de Parnasse,
Et pour mon vestement que des feuillages verds.
Ingrates deïtez qui causez mon dommage ;
Le temps, et la raison me font devenir sage,
Je retire à la fin mon espingle du jeu.
Je préfere à vos eaux un traict de malvoisie,
Je bouche mes chassis de vostre poësie,
Et mets pour me chauffer tous vos lauriers au feu.