L' effroy des muses. à Monseigneur Le Duc
D' Espernon.
Sonnet.
Delices de mon coeur, qu' estes vous devenuës ?
Muses qui m' aimiez tant, m' avez vous à mépris ?
De vos saintes faveurs j' ay charmé les esprits,
Et vous n' en avez point que je n' aye obtenuës.
Aussi ma renommée a volé jusqu' aux nuës,
Les princes ont versé de l' or sur mes escrits ;
Je languis maintenant sans honneur et sans prix,
Et ne me sert de rien de vous avoir connuës.
De prophanes soldats vous bannissent d' icy,
Leur bruit vous importune, il m' importune aussy ;
Mais qui reprimera cette haute insolence ?
Ô favorable appuy du Parnasse gaulois,
Grand duc, fay nous raison de cette violence,
Ton pere nous l' eut faite au siecle des valois.