Le juste mespris.
Sonnet 4.
Cleandre je l' ay veu ce correcteur d' espreuves,
Ce plaisant traducteur de cent livres traduits,
Ce vieux rapetasseur des ouvrages produits
Ou dans la vieille Rome, ou dans les terres neuves.
J' ay veu que du bon sens ses muses estoient veufves,
Que ses clartez n' estoient que de profondes nuits ;
Et qu' esloignant le vray que j' aime, et que tu suis,
De mille faussetez il donnoit mille preuves.
Je ne le connoissois que par ses froids escrits,
Mais apres que j' ay veu ce fol en cheveux gris,
Ou resver, ou parler avec impertinence.
Je descharge ma bile, et proteste aujourd' huy,
Que d' un si lasche autheur l' odieuse presence,
Augmente le mespris que je faisois de luy.