Le poete antique.
Sonnet 10.
Quitte la poësie, et n' en parle jamais,
Ton esprit est trop vieil pour faire un nouveau livre,
Pour rimer tousjours mal, penses tu tousjours vivre ?
Maillet est mort de faim, tu vois languir d' Omets.
Ce sont montagnes d' or que tes doubles sommets,
Un resveur, comme toy, les feignit estant yvre ;
Si l' antique Hipoctene est ce que tu veux suivre,
Avecques son cheval, boy son eau desormais.
Si l' on ne pût aimer ta muse en sa jeunesse,
Quel sujet auroit-on d' en cherir la vieillesse ?
Elle n' est pas du temps, n' y n' en a pas esté.
Son visage est rustique autant que son langage ?
Pour avoir des amans il faut de la beauté,
Et dans nostre folie il faut estre plus sage.