Advis, à un poete beuveur d' eau.
Sonnet 14.
En vain, pauvre Tircis, tu te romps le cerveau,
Pour changer en beaux vers tes rimes imparfaites ;
Tu n' auras point l' ardeur des illustres poëtes.
Si ton esprit d' oyson se refroidit dans l' eau.
Va trinquer à longs traits de ce nectar nouveau,
Que le cormié recelle en ses caves secrettes,
Si tu veux effacer ces antiques prophetes
Dont le nom brille encor dans la nuit du tombeau.
Bien que les neuf beautez des rives d' Hipocreine
Exaltent la vertu des eaux de leur fontaine,
Les fines qu' elles sont ne s' en abreuvent pas ;
Là sous des lauriers vers, ou plustost sous des treilles,
Les tonneaux de vin grec eschauffent leurs repas,
Et l' eau n' y rafraischit que le cu des bouteilles.