PLUME DE POÉSIES Forum de poésies et de partage. Poèmes et citations par noms,Thèmes et pays. Écrivez vos Poésies et nouvelles ici. Les amoureux de la poésie sont les bienvenus. |
|
| Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA | |
| | |
Auteur | Message |
---|
James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:29 | |
| Rappel du premier message :
CHANT III L'OPERA
Descends, viens m'inspirer, savante Polymnie, Viens m'ouvrir les trésors de l'auguste harmonie. Tu m'exauces: déjà tous les chantres des bois, Te saluant en choeur, accompagnent ma voix. L'onde de ces ruisseaux plus doucement murmure: Zéphir plus mollement frémit sous la verdure. Les roseaux de Syrinx, changés en instrument, Vont moduler des airs sous les doigts d'un amant. Cet arbuste est plaintif, cette grotte sonore: La parole n'est plus, et retentit encore. Dans le calme enchanteur d'un loisir studieux, Ô déesse! J'entends la musique des cieux. La terre a ses accens, et les airs lui répondent; Les astres dans leurs cours jamais ne se confondent. Les mondes, entraînés par leurs ressorts secrets, Toujours en mouvement, ne se heurtent jamais. Paroissant opposés, ils ont leur sympathie: Dans l'accord général, chacun a sa partie; Et les êtres unis par ton art créateur, Forment un grand concert, digne de leur auteur.
| |
| | |
Auteur | Message |
---|
James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Re: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:33 | |
| Oubliez des balcons ces muets entretiens; Vos regards sont distraits, ils détournent les miens. Mais vous qui, dans nos choeurs prétendus harmoniques, Venez nous étaler vos masses organiques, Et circulairement rangés en espalier, Detonnez de concert pour mieux nous ennuyer; Vous verrai-je toujours, l'esprit et le coeur vuides, Hurlant, les bras croisés, vos refrains insipides? Vous est-il défendu de peindre dans vos yeux, Ou la tristesse sombre, ou les folâtres jeux? Pour célébrer Vénus, Cérès, Flore et Pomone, Lorsque le tambourin autour de vous résonne, Sous des berceaux de fleurs lorsque d'heureux amans Entrelacent leur chiffre, et gravent leurs sermens, Ou que l'ardent vainqueur de l'Indus et du Gange, Une coupe à la main, préside à la vendange; Quand tout est rayonnant du feu de la gaîté, De quel oeil soutenir votre immobilité? Vous gâtez le tableau qui par vous se partage; De grace, criez moins, et sentez davantage; Et que l'on puisse enfin, sur vos fronts animés, Trouver le sens des vers, par la voix exprimés... La scene s'embellit: sur des bords solitaires, Je vois se réunir des grouppes de bergeres. Des bergers amoureux ont volé sur leurs pas; Apollon les appelle à d'aimables combats. | |
| | | James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Re: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:33 | |
| Des guirlandes de fleurs ont paré ces musettes. Cent touffes de rubans décorent ces houlettes: Déjà de l'art du chant on dispute le prix, Les juges sont églé, Silvanire, Cloris; C'est dans leurs jeunes mains que brille la couronne, C'est le goût qui l'obtient, et l'amour qui la donne. Le goût fut ton génie, ô toi, chantre adoré, Toi, moderne Linus, par lui-même inspiré! Que j'aimois de tes sons l'heureuse symmétrie, Leur accord, leur divorce et leur économie! Organe de l'amour auprès de la beauté, Tu versois dans les coeurs la tendre volupté. L'amante en vain s'armoit d'un orgueil inflexible; Elle couroit t'entendre, et revenoit sensible. Plus d'une fois le dieu qui préside aux saisons, Qui fait verdir les prés, et jaunir les moissons, Las du céleste ennui, jaloux de nos hommages, Sous les traits d'un berger parut dans nos bocages: Sous ces humbles dehors, heureux et caressé, Il retrouva les cieux dans les regards d'Issé; Et goûtant de deux coeurs la douce sympathie, Fut dieu plus que jamais dans les bras de Clithie. C'est lui sans doute encor qui vient, changeant d'autels, Amuser sous tes traits, et charmer les mortels. Vous, qui voulez sortir de la foule profane, Comme lui cultivez et domptez votre organe; Corrigez-en les tons aigres, pesans ou faux; En graces, comme lui, transformez vos défauts. Prétendez-vous m'offrir le lever de l'aurore? Que votre foible voix par degré semble éclore, Et soudain déployée en sons vifs et brillans, Me retrace du jour les feux étincelans. De l'amour qui gémit qu'elle exprime les peines, Se joue avec ses traits, et roule avec ses chaînes. Peignez-vous un ruisseau? Que vos sons amoureux Coulent avec ses flots, et murmurent comme eux. Répandez sur vos tons une aimable mollesse: D'un organe d'airain soumettre la rudesse À chanter les plaisirs et les ris ingénus, C'est donner à Vulcain l'écharpe de Vénus. Tel acteur s'applaudit et se croit sûr de plaire, Qui d'une voix tonnante aborde une bergere. À peine dans son art il est initié, Et c'est en mugissant qu'il me peint l'amitié. Mettez dans votre chant d'insensibles nuances; Des airs lents ou pressés marquez les différences. Ce passage est frappant et veut de la vigueur: Là, que l'inflexion expire avec langueur, Et que par le succès votre voix enhardie Ajoute, s'il se peut, à notre mélodie. Divine mélodie, ame de l'univers, De tes attraits sacrés viens embellir mes vers. | |
| | | James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Re: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:33 | |
| Tout ressent ton pouvoir; sur les mers inconstantes Tu retiens l'aquilon dans les voiles flottantes. Tu ravis, tu soumets les habitans des eaux, Et ces hôtes ailés qui peuplent nos berceaux. L'amphion des forêts, tandis que tout sommeille, Prolonge en ton honneur son amoureuse veille, Et seul sur un rameau, dans le calme des nuits, Il aime à moduler ses douloureux ennuis. Tes loix ont adouci les moeurs les plus sauvages; Quel antre inhabité, quels horribles rivages N'ont pas été frappés par d'agréables sons? Le plus barbare écho répéta des chansons. Dès qu'il entend frémir la trompette guerriere, Le coursier inquiet leve sa tête altiere, Hennit, blanchit le mords, dresse ses crins mouvans, Et s'élance aux combats, plus léger que les vents. De l'homme infortuné tu suspends la misere, Tu rends le travail doux, et la peine légere. Que font tant de mortels en proie aux noirs chagrins, Et que le ciel condamne à souffrir nos dédains? Le moissonneur actif que le soleil dévore, Le berger dans la plaine errant avant l'aurore? Que fait le forgeron soulevant ses marteaux? Le vigneron brûlé sur ses ardens côteaux? Le captif dans les fers, le nautonnier sur l'onde, L'esclave enseveli dans la mine profonde, Le timide indigent dans son obscur réduit? Ils chantent: l'heure vole, et la douleur s'enfuit. Jeune et discret amant, toi qui, dans ton ivresse, N'as pu fléchir encor ton injuste maîtresse: Dans le mois qui nourrit nos frêles rejetons, Et voit poindre les fleurs à travers leurs boutons, Sur la scene des champs n'oses-tu la conduire? La nature est si belle à son premier sourire! Qu'avec toi ton églé contemple ces tableaux, Et l'émail des vallons, et l'argent des ruisseaux: Dans cet enchantement, que sa main se repose Sur ce frais velouté qui décore la rose; Qu'elle puisse à longs traits en respirer l'odeur: Le plaisir de ses sens va passer dans son coeur. Si de tous ces attraits elle osoit se défendre, Joins-y la volupté d'un chant flexible et tendre: Tu l'entendras bientôt en secret soupirer... Et je laisse à l'amour le soin de t'éclairer. L'art des sons n'est que l'art d'émouvoir et de plaire; C'est le plus doux secret pour vaincre une bergere: Mais bannissez l'apprêt; il nous glace; et le chant, S'il est maniéré, cesse d'être touchant. Évitez avec soin la molle afféterie; Qu'avec légéreté votre voix se varie. Jaloux de l'embellir, craignez de la forcer; Un organe contraint ne peut intéresser. | |
| | | James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Re: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:33 | |
| Soyez vrai, naturel, c'est la premiere grace, Et celle qu'on poursuit dégénere en grimace. Pour illustrer votre art, respectez dans vos jeux Le palais des héros et le temple des dieux. Du trône où siege Euterpe il ne faut point descendre. Sans indignation puis-je voir, puis-je entendre Naziller Arlequin, grimacer Pantalon, Où tonnoit Jupiter, où chantoit Apollon? En secret indigné que sa scene avilie Se fût prostituée aux bouffons d'Italie; Que le françois, trompé par un charme nouveau, Eût pour leurs vains fredons abandonné Rameau; Ce dieu voulut punir ce transport idolâtre, Et chargeant d'un carquois ses épaules d'albâtre, Les yeux étincelans, la fureur dans le sein, Aux antres de Lemnos il descend chez Vulcain. L'immortel, tout noirci de feux et de fumée, Attisoit de ses mains la fournaise allumée; Mais il ne forgeoit plus ces instrumens guerriers, Ces tonnerres de Mars, ces vastes boucliers, Où l'air semble fluide, où l'onde dans sa sphere Coule, et sert mollement de ceinture à la terre. L'enclume retentit sous de plus doux travaux; Il y frappe des dards pour l'enfant de Paphos. | |
| | | James FONDATEUR ADMINISTRATEUR
Nombre de messages : 152463 Age : 60 Localisation : Mon Ailleurs c'est Charleville-Mézières Date d'inscription : 04/09/2007
| Sujet: Re: Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA Lun 26 Nov - 20:34 | |
| Vulcain, dit Apollon, on profane mon culte; Sur mes autels souillés chaque jour on m'insulte. Venge-moi. Tout-à-coup dans les bruyans fourneaux Des cyclopes ailés allument cent flambeaux; Ils volent, et déjà leur cohorte enhardie Sur les faîtes du temple a lancé l'incendie. Le croissant de Phébé, la conque de Cypris, La guirlande de Flore et l'arc brillant d'Iris, Des champs élisiens l'immortelle parure, Les zéphirs, les ruisseaux, les fleurs et la verdure, Les superbes forêts, les rapides torrens, Du souverain des mers les palais transparens, Hélas, tout est détruit! On parcourt les ruines: Là chantoient les plaisirs et les graces badines. Le Mierre, prodigant les charmes de sa voix, Là, disputoit le prix aux sirenes des bois: Ici l'aimable Arnould exerçoit son empire, Et nous intéressoit aux pleurs de Télaïre. Euterpe cependant, pour nous dicter ses loix, Rentre dans son asyle, et reprend tous ses droits. Rameau, le sceptre en main, éclipse Pergolese: Le goût a reparu: le dieu du jour s'appaise, Et son ressentiment nous poursuivroit encor, Si la scene à ses yeux n'eût remontré Castor. | |
| | | | Claude-Joseph Dorat (1734-1780) CHANT III L'OPERA | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|