L'Angélus de l'Amour
A Jeanne
10 octobre 1906
Sonnez encor cloches d'amour
Sonnez l'heure de la chimère
Où le poète solitaire
Rêve au déclin d'un heureux jour
Vous chantiez ainsi belles cloches
Quand sonna l'heure des adieux
Les pleurs coulèrent de nos yeux
Le vent emporta nos reproches
Je reviens seul vous écouter
Et je crois vous entendre dire
« Loin de toi la belle soupire
Et n'a pas cessé de t'aimer »
Hélas dois-je espérer encore
Cloches que j'aime répondez
Est-ce l'Amour que vous sonnez
Chaque soir, aussi chaque aurore
N'est-ce pas plutôt les secrets
De la nuit et de la lumière
Ou bien la mort d'une chimère
Au sein même de nos regrets
Sonnez-vous la fin de nos rêves
Le plaisir des jours disparus
Quand nos chagrins sont superflus
Et que nos douleurs passent brèves
Au sein de la Nature en deuil
Sonnerez-vous l'heure des larmes
Quand j'irai cacher mes alarmes
Dans l'ombre noire du cercueil
Hélas dois-je espérer encore
Cloches que j'aime répondez
Est-ce l'Amour que vous sonnez
Chaque soir, aussi chaque aurore
C'est ainsi que j'écoutais l'Angélus les soirs où je revenais tout seul dans les
chemins où nous étions passés tous les deux, heureux ou tristes suivant que
notre coeur écoutait l'espérance ou la tristesse du doute. C'est en souvenir des
jours passés que j'ai composé cette poésie, c'est ma muse qui chante le souvenir
de ces heures suprêmes de la séparation.
Honoré HARMAND