III
Pourquoi te traînes-tu comme un homme à la chaîne,
Loin, oui, bien loin du siècle, où tu vis en oubli?
L'on dirait que vaincu par le temps qui t'entraîne,
À l'ombre de sa faulx tu t'es enseveli?
Vois donc, partout, dans la carrière,
Les peuples briller tour-à-tour,
Les arts, les sciences et la guerre
Chez eux signalent chaque jour.
Dans l'histoire de la nature,
Audubon porte le flambeau;
La lyre de Cooper murmure,
Et l'Europe attentive à cette voix si pure
Applaudit ce chantre nouveau.
Enfant de la jeune Amérique,
Les lauriers sont encore verts;
Laisse dans sa route apathique
L'Indien périr dans les déserts.
Mais toi comme ta mère, élève à ton génie
Un monument qui vive dans les temps;
Il servira de fort à tes enfants:
Faisant par fétranger respecter leur patrie.
Cependant, quand tu vois au milieu des gazons
S'élever une fleur qui dévance l'aurore,
Protège-la contre les aquilons
Afin qu'elle puisse éclore.
Honore les talents, prête-leur ton appui;
Ils dissiperont la nuit
Qui te cache la carrière:
Chaque génie est un flot de lumière.