Les froids amis.
Sonnet.
C' en est fait desormais, je ne sçaurois plus vivre,
À ce malheureux poinct mon destin me reduit,
Que si je seme un champ, quelqu' autre en a le fruit,
Et que je garde un vin dont un autre s' enyvre.
Lors qu' une fois le sort se met à nous poursuivre,
Jusqu' à l' extremité ce tyran nous poursuit ;
Ce qu' on fait au matin, le soir il le destruit,
Et se rid des tourmens que sa rage nous livre.
Voudrois je donc icy respirer plus long temps,
Si me voyant frustré de ce que je pretens,
Je n' espere plus rien, et qu' il me faut tout craindre ?
Mais dans cet accident ce qui me fait mourir ;
C' est que tous mes amis s' amusent à me plaindre,
Et que deux seullement me viennent secourir.