L' amant affligé.
Sonnet.
Pour tesmoigner combien tu cheris ta maistresse,
Te rendras-tu tousjours à toy mesme odieux ?
Ce funeste cercueil qui la cache à nos yeux
Ne pourra-t' il jamais renfermer ta tristesse ?
Quoy qu' on blasme le sort, il faut que l' on confesse
Qu' en ce qu' il execute il fait tout pour le mieux ;
N' est-ce pas la raison qu' elle soit dans les cieux,
Puisque tes doctes vers en font une deesse ?
Dy ce que tu voudras, tu te dois souvenir,
Qu' ainsi que ses beautez, tes pleurs doivent finir ;
Conserve seulement sa memoire eternelle ;
Fay voir dans tes escrits qui forcent le trespas,
Que nature la fit de qualité mortelle,
Mais que la muse veut qu' elle ne meure pas.