III
Ces jours sont déjà loin dans la brume des âges
Où chantaient et priaient les peuplades sauvages
Dans l'anse au sable d'or!
Leur trace a disparu dès longtemps de ces rives;
Mais on ouït, le soir, leurs voix lentes, plaintives,
Qui s'éveillent encor.
Elles semblent pleurer le destin de leur race
Qui recule sans bruit, s'amoindrit et s'efface
Pour nous céder le pas,
Semblable à ses forêts, naguère si voisines,
Dont le feu dévorant a rongé les racines,
Qui ne renaîtront pas.
Phare du voyageur, seule au bord de la dune,
Leur chapelle a bravé la ruine commune
Et triomphe du temps!
Comme pour annoncer que l'église de Pierre
Jusques au dernier jour bénira de la terre
Les derniers habitants!